Comment photographier le Soleil avec un télescope en toute sécurité

Photographier le Soleil au télescope offre une expérience fascinante, mais elle exige rigueur et prudence. Le moindre oubli de protection peut endommager gravement vos yeux ou votre matériel. Avec les bons filtres, un équipement adapté et quelques réglages bien choisis, il est possible de capturer des détails impressionnants de notre étoile, comme les taches solaires ou les protubérances. Voici tout ce que vous devez savoir pour réussir vos photos solaires sans danger.

Ce qu’il faut savoir avant de photographier le Soleil

Observer le Soleil avec un télescope sans protection, c’est comme diriger un laser dans votre œil. La lumière intense et la chaleur concentrée peuvent brûler la rétine ou faire fondre un capteur en quelques secondes. C’est pourquoi la sécurité est la première règle.

Mais bien préparé, l’exercice devient passionnant. Vous pourrez capturer des phénomènes invisibles à l’œil nu : taches solaires, granulation, protubérances, voire des éruptions si vous utilisez un filtre spécifique.

Un télescope amplifie les détails, mais il ne suffit pas à lui seul. L’image brute du Soleil est trop lumineuse et pauvre en contraste. C’est l’ajout de filtres adaptés qui révèle toute la richesse de la surface solaire.

Quel matériel pour photographier le Soleil ?

Tous les télescopes ne sont pas faits pour le Soleil, mais la plupart peuvent s’y prêter, à condition d’y ajouter les bons filtres. Il est impératif que le filtre soit installé à l’avant de l’instrument, pour bloquer l’intensité lumineuse avant qu’elle n’entre dans le tube. Cette configuration protège à la fois l’observateur et le matériel.

Les filtres indispensables pour ne pas brûler vos yeux ou votre capteur

Un filtre solaire est obligatoire dès que vous orientez un télescope vers le Soleil. Il ne s’agit pas d’un simple accessoire, mais d’une barrière de sécurité absolue.

Les filtres solaires pour observation en lumière blanche peuvent être conçus en verre ou en film réfléchissant. Le choix du matériau influence l’aspect du Soleil à l’observation : blanc, jaune, orange, ou avec une teinte légèrement verte ou bleutée.

Filtre en verre placé sur une télescope
Un filtre solaire en verre placé sur un télescope SC. U. Dittler

Filtres solaires en verre

  • Sont plus chers et peuvent se briser en cas de choc.
  • Offrent une meilleure longévité.
  • Sont plus lourds, ce qui facilite leur fixation sur le télescope.
  • Fournissent une image légèrement moins nette qu’un bon filtre en film, mais restent globalement fiables.
  • Peuvent produire une image moins nette si la qualité de fabrication est faible.

Filtres solaires en film

  • Présentent un aspect froissé : il ne faut surtout pas tenter de les tendre, sous peine de les déchirer.
  • Offrent une image très nette, malgré leur apparence, et sont bien plus abordables que les filtres en verre.
  • Sont moins durables : avec le temps, des micro-trous ou des déchirures peuvent apparaître. Il convient donc d’inspecter le filtre à chaque utilisation.
  • Meilleur rapport qualité/prix.

Bien choisir la taille du filtre

  • Mesurer précisément les diamètres intérieur et extérieur du tube optique ou du pare-buée du télescope.
  • Certains fabricants proposent des filtres à taille fixe, d’autres offrent des modèles ajustables selon les diamètres des tubes.
  • Rappel : on en a pour son argent. Tous les fabricants sérieux proposent des matériaux sûrs, mais pour obtenir la meilleure qualité d’image, les filtres haut de gamme sont à privilégier.

Comment utiliser le chercheur pour viser le soleil

Un point souvent négligé : le chercheur. Lui aussi concentre la lumière. Il doit donc être soit retiré, soit bouché ou équipé d’un filtre dédié. Une alternative simple pour pointer le Soleil consiste à aligner l’ombre du tube sur le sol jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement ronde : c’est le signe que vous êtes bien dans l’axe.

Enfin, pour plus de confort, vous pouvez utiliser un viseur solaire dédié. Il projette une petite image du Soleil sur un écran ou un papier, ce qui facilite l’alignement sans jamais regarder directement l’astre.

Ce qu’on peut voir sur une photo du Soleil

Une photo du Soleil peut révéler plusieurs phénomènes bien distincts. Selon le filtre utilisé, on peut observer les taches solaires, la granulation de la surface, ou encore des protubérances et éruptions solaires. Ces éléments permettent de visualiser l’activité de l’étoile et varient d’un jour à l’autre. Voici ce que vous pouvez identifier concrètement sur vos images.

Taches solaires : comment les reconnaître

Les taches solaires apparaissent comme des zones plus sombres à la surface du Soleil. Elles se forment dans des régions où le champ magnétique est extrêmement intense, ce qui empêche la chaleur de remonter normalement. Résultat : ces zones sont moins chaudes que le reste de la photosphère, et donc visuellement plus sombres.

Sur vos photos, vous les reconnaîtrez facilement : elles sont rondes ou ovales, parfois isolées, souvent regroupées. Leur taille est très variable ; certaines dépassent plusieurs fois le diamètre de la Terre.

Au fil des jours, elles changent de forme, se déplacent et finissent par disparaître. Photographier ces évolutions permet de suivre l’activité solaire.

Photographie de tâches solaire
Photographie prise en projection à l’oculaire d’un télescope Maksutov F/D=11,8 Celestron Nexstar 127 SLT muni d’un filtre solaire Orion. Par Didier Auberget

Granulation : la texture visible à la surface

La granulation est un motif fin et irrégulier qui recouvre toute la surface du Soleil. Elle résulte des mouvements de convection dans la couche externe de l’étoile : le gaz chaud monte au centre des cellules, puis redescend en se refroidissant sur les bords.

À l’image, cette texture ressemble à un patchwork de minuscules cellules, comme une peau en ébullition. Chaque « grain » mesure environ 1 000 kilomètres de diamètre, mais grâce à un bon télescope, une mise au point précise et une atmosphère stable, vous pouvez en distinguer les contours sur vos photos.

Observer et capturer la granulation demande de la finesse dans les réglages, mais c’est l’un des meilleurs moyens de percevoir la dynamique interne du Soleil.

Photographie de granulation du soleil
Photographie via le télescope Cassegrain Cave Astrola de 200 mm, équipé d’un filtre Baader Astrosolar 3.8 et d’une caméra Player One. Crédit image : soleilrouge, membre du forum Webastro.net.

Protubérances solaires et éruptions visibles avec le bon filtre

Les protubérances sont d’immenses arches de gaz projetées au-dessus du bord du Soleil. Invisibles en lumière blanche, elles apparaissent grâce à un filtre H-alpha, qui isole une longueur d’onde spécifique de l’hydrogène. Ce filtre révèle également les filaments : des protubérances vues de face, qui semblent flotter sur le disque solaire, plus sombres que leur environnement.

Sur certaines photos, on peut aussi capturer des éruptions solaires, beaucoup plus rapides et intenses. Ce sont des explosions violentes de plasma qui surviennent à proximité des taches solaires actives. Leur observation nécessite un filtre très sélectif, une bonne transparence atmosphérique et un peu de chance.

Grâce à ces filtres spécialisés, l’imagerie solaire ne se limite plus à une simple sphère lumineuse : elle devient un spectacle dynamique et fascinant, révélant les manifestations les plus extrêmes de l’activité de notre étoile.

Photographie de protubérance solaire
Photographie amateur d’une protubérance solaire réalisée avec un coronographe. Source photo : Wikipédia.

Conseils de sécurité à ne jamais négliger

Observer ou photographier le Soleil peut être passionnant, mais c’est aussi l’une des pratiques les plus risquées en astronomie si elle est mal préparée. Le danger est invisible mais immédiat : sans les protections adéquates, vous risquez une brûlure rétinienne irréversible ou des dégâts irréparables sur votre capteur. Voici les règles de sécurité à connaître absolument avant de pointer votre télescope vers le Soleil.

Risques pour les yeux, le capteur, et l’équipement

Regarder le Soleil directement, même brièvement, peut causer des lésions graves et irréversibles à la rétine. Avec un télescope, le risque est multiplié car la lumière est concentrée, ce qui peut brûler instantanément vos yeux.

Le capteur de votre appareil photo est également fragile. Sans filtre adapté, la chaleur et l’intensité lumineuse peuvent l’endommager rapidement, parfois irrémédiablement.

Enfin, votre télescope peut souffrir : la chaleur focalisée peut déformer ou faire fondre certaines pièces, notamment les oculaires ou les composants en plastique. Protégez toujours votre matériel avec des filtres spécifiquement conçus pour l’observation solaire.

Que faire en cas de doute ? Toujours vérifier la présence du filtre

Avant chaque observation, prenez l’habitude de contrôler minutieusement la présence et l’état du filtre solaire. Même une micro-fissure ou un filtre mal positionné peut transformer une séance d’observation en danger.

Si vous avez le moindre doute sur l’intégrité du filtre ou son installation, ne tentez pas d’observer ou de photographier le Soleil. Il vaut mieux repousser la séance que risquer des blessures ou des dégâts matériels.

Un contrôle régulier et vigilant est la meilleure garantie d’une expérience sûre et réussie.

Ce qu’il ne faut jamais faire avec un télescope et le Soleil

Il est crucial de ne jamais regarder le Soleil à travers un télescope sans filtre solaire installé à l’avant. Même un court instant peut causer des dommages irréversibles à vos yeux.

Ne jamais utiliser un filtre placé uniquement sur l’oculaire. Ce type de filtre est dangereux car il reçoit la lumière concentrée, ce qui peut le faire éclater et causer un accident.

Ne jamais utiliser un instrument ancien avec des filtres « d’époque » sans vérifier leur conformité aux normes actuelles.

Évitez aussi de pointer le Soleil en utilisant un chercheur non protégé ou un pointeur laser, car cela peut provoquer des brûlures immédiates.

Respectez ces règles simples pour préserver votre santé et votre matériel.

Foire aux questions (FAQ rapide)

Peut-on photographier le Soleil sans filtre ?

Non, c’est dangereux. Sans filtre solaire adapté, la lumière concentrée peut endommager votre appareil photo et causer de graves blessures aux yeux.

Quelle est la différence entre un filtre solaire classique et H-alpha ?

Le filtre classique réduit la lumière pour voir la surface du Soleil (photosphère) avec ses taches et granulation. Le filtre H-alpha, plus spécialisé, révèle la chromosphère et des phénomènes comme les protubérances et éruptions.

Quel est le meilleur moment de la journée pour photographier le Soleil ?

Tôt le matin ou en fin d’après-midi, quand l’atmosphère est plus stable. En plein jour, la turbulence réduit la netteté des images.

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Sébastien Derenes
Sébastien Derenes

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